Les personnes Ă haut potentiel ont un cerveau qui fonctionne Ă plein rĂ©gime, une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, et une impression de vivre perpĂ©tuellement en marge. Et si cette diffĂ©rence nourrissait la sociĂ©tĂ© de demain ? PubliĂ© le 17/12/2014 Ă 1116 Temps de lecture 8 min Le cerveau dâun HP est en Ă©bullition permanente. Les IRM effectuĂ©es sur ces personnes confirment cette forte activitĂ©, avec une multitude de connexions neuronales qui se traduisent par une pensĂ©e en arborescence une idĂ©e en entraĂźnant une autre, puis une autre... Alors que chez les non-HP, seule une zone spĂ©cifique du cerveau sâanime par fonction, par exemple celle du langage pour traiter une information. Chez le surdouĂ©, penser, câest vivre. Il nâa pas le choix. Il ne peut arrĂȘter cette pensĂ©e puissante, incessante qui, sans relĂąche, scrute, analyse, intĂšgre, associe, anticipe, imagine, met en perspective⊠Aucune pause. Jamais. Alors, il pense sur tout, tout le temps, intensĂ©ment. Avec tous ses sens en alerte, explique la psychologue et auteur de livres sur le sujet, Jeanne Siaud-Facchin 1. Câest un petit vĂ©lo qui tourne sans cesse dans la tĂȘte. Jâai toujours vĂ©cu Ă cent Ă lâheure, en utilisant ce petit vĂ©lo au maximum, ce qui mâa permis de crĂ©er mon Ă©cole, confirme VĂ©ronique Meunier, 49 ans, qui a rĂ©ussi Ă rĂ©aliser ses rĂȘves malgrĂ© les critiques dont elle a fait lâobjet. Il y a vingt ans, elle a donc créé Les Ateliers de la Chaise Musicale, une Ă©cole de musique bruxelloise, caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©dagogie diffĂ©rente, davantage axĂ©e sur des activitĂ©s ludiques et crĂ©atives que sur un apprentissage basĂ© sur la compĂ©tition. LâĂ©cole proposant aussi un Ă©veil musical dĂšs lâĂąge de 7 mois. On me disait quâun bĂ©bĂ© nâen avait rien Ă faire de la musique, que je faisais cela pour lâargent, que câĂ©tait dĂ©lirant. Et moi, jâĂ©tais convaincue quâil sâagissait dâun moyen de renforcer les liens parents-enfants et dâun bĂ©nĂ©fice Ă apporter aux petits. Penser sur le mode WikipĂ©dia Cette arborescence de la pensĂ©e, câest comme WikipĂ©dia, explique encore la directrice de la Chaise Musicale. Je consulte le site pour comprendre un mot ou un Ă©vĂ©nement, comme le krach boursier, et je me retrouve dans le fin fond de lâAustralie dans les annĂ©es 60, sans savoir comment jây suis arrivĂ©e. Ce sont des hyperliens sur tout et câest comme ça dans ma tĂȘte Ă©galement. La comparaison avec la plateforme de cette encyclopĂ©die participative en ligne est Ă©difiante. Les cerveaux des HP tournent non seulement Ă plein rĂ©gime, mais ils crĂ©ent aussi une multitude de liens entre les choses, que dâautres ne perçoivent pas forcĂ©ment. Avec une difficultĂ© qui consiste quelquefois Ă expliquer aux non-HP ce quâils perçoivent comme Ă©vident. CĂŽtĂ© bonus, il sâagit dâun moteur qui leur permet dâĂȘtre extrĂȘmement crĂ©atifs, innovants et de se surpasser. Quel est le bĂ©nĂ©fice de cette diffĂ©rence ? Une capacitĂ© Ă pouvoir travailler plus vite et facilement sur diffĂ©rents sujets Ă la fois. Cela me permet de produire plus au niveau professionnel. Mais je suis aussi trĂšs attentif Ă des dĂ©tails que dâautres ne perçoivent pas forcĂ©ment, avec une capacitĂ© Ă mâĂ©merveiller facilement et un besoin de trouver sans cesse de nouvelles idĂ©es. Jâai tendance Ă un peu charger la barque pour ne pas mâennuyer, explique Serge Ruyssinck, 48 ans, qui cumule son job de rĂ©alisateur Ă la RTBF Ă la gestion dâĂ©vĂ©nements pour la chaĂźne et Ă des prestations pour Eurosport, Ă Paris. Une sensibilitĂ© accrue Il y a quelques annĂ©es, Serge Ruyssinck a poussĂ© la porte dâun centre dâĂ©valuation des personnes Ă haut potentiel, parce quâil se rendait compte de sa mauvaise gestion Ă©motionnelle, particuliĂšrement dans sa vie privĂ©e. GuĂšre Ă©tonnant lâhypersensibilitĂ© est lâune des caractĂ©ristiques de cette diffĂ©rence. Avant, je me laissais submerger par mes Ă©motions. Je nâacceptais pas que les autres soient moins rapides que moi, cela mâirritait lorsquâon ne comprenait pas vite ce que je racontais, confie le rĂ©alisateur, qui estime sâĂȘtre â assagi â en saisissant mieux les diffĂ©rences comportementales et Ă©motionnelles propres aux HP. Aujourdâhui, son sens de lâempathie lui permet dâĂȘtre Ă lâĂ©coute de ses collaborateurs au niveau professionnel, mais aussi dans ses relations amicales. Un atout, selon lui. Mais pour en arriver lĂ , il faut parfois avoir fait du chemin. JâĂ©tais quelquâun de trĂšs empathique, une Ă©ponge Ă Ă©motions, je ressentais la souffrance dâautrui, mĂȘme sâil ne lâexprimait pas, explique de son cĂŽtĂ© VĂ©ronique Meunier, rĂ©vĂ©lĂ©e HP dans la foulĂ©e dâune demande de diagnostic pour son petit garçon. Depuis que jâai pris conscience que cette sensibilitĂ© fait partie des spĂ©cificitĂ©s des HP, jâai rĂ©ussi Ă dĂ©velopper des mĂ©canismes de protection et ça, câest extraordinaire, car je prends moins sur moi, avoue-t-elle. PrĂ©curseurs du monde de demain ? En dehors des politiciens ou artistes en tout genre, que deviennent les HP Ă lâĂąge adulte et quâapportent-ils de diffĂ©rent Ă la sociĂ©tĂ© ? Tout dĂ©pend de lâĂąge de leur diagnostic. Lorsquâils prennent conscience de leur altĂ©ritĂ© cognitive et quâils lâacceptent, ils passent gĂ©nĂ©ralement par une phase de reconstruction de leur personnalitĂ© et rĂ©alisent alors de grandes choses dans leur domaine de prĂ©dilection. La rĂ©vĂ©lation de leur douance joue souvent un rĂŽle de catalyseur identitaire, ce qui leur permet dâavancer et dâentreprendre. Une personne Ă haut potentiel qui assume sa diffĂ©rence va ĂȘtre Ă lâavant-garde de la crĂ©ation, de la recherche, de lâinnovation et des idĂ©es. Pour ĂȘtre crĂ©atif, donc ne pas refaire systĂ©matiquement tout ce que les autres font, il faut ĂȘtre un peu rebelle et avoir un sens critique fort dĂ©veloppĂ©, ne pas croire tout ce que lâon nous dit. Le monde avance grĂące Ă ces personnes aux idĂ©es hors du commun, qui voient des problĂšmes lĂ oĂč les autres nâen voient pas et qui imaginent des solutions. Les HP sont des gens qui veulent faire avancer le monde ou, au minimum, apporter leur pierre Ă lâĂ©difice, y compris dans les domaines les plus anonymes. Mais ne nous cachons pas il y a des â nids Ă HP â, notamment dans les milieux artistiques et mĂ©diatiques. La plupart des gens connus le sont, explique Thierry Biren. QI Ă©levĂ© et HP, quelle diffĂ©rence ? Les HP sont-ils des surdouĂ©s ? Ont-ils tous un QI plus Ă©levĂ© que la moyenne ? Selon le coach de lâassociation Douance, toutes les personnes dont le QI dĂ©passe le score de 128 sont HP. Mais ce ne serait pas la caractĂ©ristique la plus importante Ă prendre en considĂ©ration, car ce test dâintelligence trĂšs classique a Ă©tĂ© créé il y a un siĂšcle pour servir de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Il peut sâavĂ©rer rĂ©ducteur et finalement laisser passer des HP entre les mailles du filet normatif. Une personne qui aurait 125 de QI sera par exemple exclue du diagnostic classique, alors que ces quelques points de diffĂ©rence ont quelque chose dâartificiel, puisquâil sâagit dâune Ă©chelle Ă©tablie au siĂšcle dernier !, explique le coach. Cela ne signifie pas que cette personne nâest pas HP. Câest pourquoi je prĂ©fĂšre utiliser les tests qualitatifs pour Ă©tablir mon diagnostic. Lâimage que lâon se fait du surdouĂ© Ă lunettes qui rĂ©ussit ses Ă©tudes haut la main ne correspondrait finalement quâĂ un tiers des HP. Ce sont gĂ©nĂ©ralement ceux qui sollicitent davantage leur cerveau gauche, axĂ© sur le langage, le raisonnement et lâanalyse, alors que le cerveau droit que deux tiers des HP sollicitent en premier est associĂ© aux Ă©motions, Ă lâintuition et Ă la crĂ©ativitĂ©. La personne ĂŒber-intelligente et efficace serait, en revanche, celle qui mobilise autant son hĂ©misphĂšre droit que le gauche avec, dans un premier temps, le dĂ©bridement de la crĂ©ativitĂ© qui sâenclenche, puis dans un second temps, la capacitĂ© dâexĂ©cuter point par point quâelle a imaginĂ©. Câest pour cela quâil y a des juristes au Parlement qui font passer les propositions de lois imaginĂ©es par des politiciens dix ans auparavant !, commente Thierry Biren. Dans la pratique, la plupart des femmes et hommes politiques sont HP, dâoĂč les dĂ©bats houleux qui les opposent, car ils ont forcĂ©ment des idĂ©es diffĂ©rentes quâils veulent dĂ©fendre. Par rapport Ă cette guĂ©guerre sur la place Ă accorder aux tests de QI, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin prĂ©cise que lâon confond souvent lâintelligence et la performance, les compĂ©tences et la rĂ©ussite, ainsi que le potentiel et lâefficacitĂ© intellectuelle. Alors que selon elle, ĂȘtre HP Ă©quivaut avant tout Ă un comportement psychoaffectif particulier et Ă une intelligence diffĂ©rente des autres. La vie en dĂ©calĂ© Beaucoup de HP vous le diront ils se sont toujours sentis en dĂ©calage par rapport aux autres, ce qui nâest pas forcĂ©ment facile Ă vivre. Du coup, certains ont dĂ©veloppĂ© un â faux-self â, câest-Ă -dire une adaptation de leur identitĂ© profonde pour se fondre dans la masse. Un effet camĂ©lĂ©on, inhibiteur de leur douance et souvent mal vĂ©cu⊠JâĂ©tais en dĂ©calage permanent avec tout le monde et la sociĂ©tĂ©. Pour moi, haut potentiel rimait avec hautement perturbĂ©e ! Une impression dâĂȘtre â trop â dans tout et que les choses nâĂ©taient jamais simples avec moi. Jâavais la volontĂ© de ne pas rentrer dans le rang, de ne pas rester prof dans le secondaire ou Ă lâacadĂ©mie, de ne pas obĂ©ir Ă des programmes qui ne me plaisaient pas, de pouvoir les crĂ©er moi-mĂȘme. Je nâĂ©tais pas consciente que je faisais cela parce que suis HP, mais je savais que je voulais faire les choses autrement, explique VĂ©ronique Meunier. Des annĂ©es plus tard, son Ă©cole ne dĂ©semplit pas. Elle avait vu juste ! Et comme un zeste dâutopie ne fait jamais de mal, on peut se demander si le monde actuel ne serait pas en train de fonctionner un peu plus quâauparavant selon des caractĂ©ristiques propres Ă lâhĂ©misphĂšre droit de notre cerveau, qui se traduisent actuellement par une envie croissante de changement sociĂ©tal, une dissĂ©mination de pratiques faisant appel Ă lâintelligence collective et Ă une dĂ©brouille crĂ©ative ? Certainement !, atteste Thierry Biren. Jâirais mĂȘme plus loin en rappelant que nous vivons dans un monde de plus en plus visuel, grĂące aux nouveaux mĂ©dias. On fait donc aujourdâhui davantage appel Ă des parties de notre intelligence que nous possĂ©dions dĂ©jĂ , mais qui nâĂ©taient pas autant sollicitĂ©es auparavant. Seul petit bĂ©mol cette Ă©volution nâest pas assez rapide pour ceux qui doivent encore sâadapter Ă un monde dont la logique de fonctionnement reste malgrĂ© tout celle de lâhĂ©misphĂšre gauche, de lâorganisation et de la rationalitĂ© efficace⊠Une question de temps ? 1 Auteure de plusieurs livres sur la douance, dont â Trop intelligent pour ĂȘtre heureux ? Lâadulte surdouĂ© â, Ă©d. Odile Jacob, 2012, 320 p., 23,20 âŹ. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Allez au-delĂ de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir Ă la Une Entretien Caroline DĂ©sir LâĂ©cole aujourdâhui câest bien plus quâune histoire dâenfants rois» Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Guerre en Ukraine Zelensky rĂ©clame la venue de lâAIEA Ă la centrale de Zaporijjia Une camionnette fonce sur une terrasse Ă Bruxelles un dĂ©sastre frĂŽlĂ© de quelques centimĂštres Par Arthur Sente et Louis Colart Europa League lâUnion Saint-Gilloise lancera sa campagne Ă Berlin le 8 septembre Energie la taxation des surprofits toujours dans les limbes Par Jean-François Munster Pessimistes, cinq banques abaissent leurs prĂ©visions de croissance pour la Belgique
SontcomptabilisĂ©es les personnes dont lâactivitĂ© artistique
Quels changements de comportements et de mode de vie accompagnent les mutations de la sociĂ©tĂ© française ? 1. L'entrĂ©e de la sociĂ©tĂ© française dans l'Ăšre de la consommation de masse 1945-1968 a. Vers une sociĂ©tĂ© de consommation GrĂące Ă la hausse du niveau de vie et Ă la diversitĂ© de la production, un grand nombre de Français accĂšdent Ă la consommation de masse. Cette consommation se diversifie et porte moins sur l'alimentation et l'habillement et davantage sur la santĂ© et les loisirs qui connaissent d'ailleurs un essor considĂ©rable grĂące aux congĂ©s payĂ©s cinq semaines et Ă la rĂ©duction du temps de travail. Les habitudes et modes de consommation Ă©voluent grĂące au dĂ©veloppement de la publicitĂ© et des supermarchĂ©s ainsi qu'Ă l'essor du crĂ©dit. b. La dĂ©mocratisation du confort La sociĂ©tĂ© devient de plus en plus urbaine les villes s'Ă©tendent de plus en plus sur leur pĂ©riphĂ©rie oĂč se construisent de grands ensembles au confort moderne les citĂ©s qui permettent de rĂ©soudre le problĂšme du manque de logements. Inversement les campagnes subissent l'exode rural, le mitage industriel et la pĂ©riurbanisation ainsi que le recul des traditions. Le baby-boom favorise l'Ă©mergence d'une nouvelle catĂ©gorie de consommateurs les jeunes. Ces derniers incarnent la sociĂ©tĂ© de consommation dont ils vĂ©hiculent les produits comme le jeans par exemple, mais aussi la musique avec l'essor du yĂ©yĂ© et du rock. Le systĂšme Ă©ducatif se dĂ©mocratise en s'ouvrant Ă un plus grand nombre. 2. 1968-1983 entre contestation et conquĂȘte des libertĂ©s a. Les nouvelles libertĂ©s Les annĂ©es 1970 et 1980 sont marquĂ©es par des progrĂšs significatifs dans le domaine des libertĂ©s, notamment dans celui des mĆurs. C'est durant cette pĂ©riode que les femmes conquiĂšrent un certain nombre de droits comme celui d'avorter accordĂ© par la loi Veil de 1975. La lutte pour l'Ă©mancipation fĂ©minine est incarnĂ©e par le Mouvement de libĂ©ration de la femme MLF qui revendique l'Ă©galitĂ© des droits entre les femmes et les hommes. Ă partir de 1981-1982, la libertĂ© de la presse est renforcĂ©e par la loi. C'est aussi durant cette pĂ©riode qu'est autorisĂ©e la diffusion des radios libres FM. b. DĂ©mocratisation ou uniformisation culturelle ? La culture de masse fait son apparition et la tĂ©lĂ©vision en devient le premier support de diffusion au dĂ©triment de la presse, du livre et des spectacles. Ces supports traditionnels de transmission culturelle sont en effet en recul et ce malgrĂ© toute une politique de dĂ©mocratisation de la culture qui se traduit notamment par la construction de l'OpĂ©ra Bastille. Dans le domaine des loisirs, on assiste Ă l'apparition d'autres formes de pratiques qui deviennent rapidement des rĂ©fĂ©rences de la culture de masse - dĂ©veloppement des parcs de loisirs sur le modĂšle amĂ©ricain Eurodisney, parc AstĂ©rix ; - les Ă©vĂ©nements sportifs comme les jeux olympiques ou la coupe du monde de football deviennent de vĂ©ritables spectacles. c. La contestation de la sociĂ©tĂ© de consommation Les annĂ©es 60 s'achĂšvent dans la contestation d'estudiantin le mouvement devient rapidement social. La gĂ©nĂ©ration du baby-boom conteste en effet le pouvoir en place et rejette la sociĂ©tĂ© de consommation de masse, au nom de modĂšles utopiques et exotiques comme par exemple le mouvement hippie. 3. Des annĂ©es 80 Ă nos jours trois dĂ©cennies marquĂ©es par la crise et la prĂ©caritĂ© a. La crise de la sociĂ©tĂ© de consommation Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 70 la sociĂ©tĂ© de consommation est frappĂ©e par une crise qui engendre prĂ©caritĂ© et pauvretĂ©. ChĂŽmage, misĂšre SDF, recul du monde ouvrier, vieillissement de la population posent le problĂšme des assurances sociales et du paiement des retraites. Les inĂ©galitĂ©s se creusent et favorisent l'Ă©mergence d'un "quart monde", constituĂ© de personnes vivant en dessous du seuil de pauvretĂ©, parfois mĂȘme en travaillant. Cependant les grands mouvements sociaux sont moins nombreux et, lorsqu'ils Ă©clatent, Ă©chappent en grande partie aux syndicats comme lors des grĂšves de 1995. b. L'affaiblissement du tissu social La famille traditionnelle Ă©clate un mariage sur trois se termine par un divorce et les familles monoparentales une famille avec un seul parent ou recomposĂ©e une famille composĂ©e d'enfants issues de diffĂ©rentes unions se multiplient. La perte des repĂšres traditionnels favorise la montĂ©e de l'individualisme et l'isolement des plus fragiles. La dĂ©linquance, juvĂ©nile notamment, se dĂ©veloppe Ă©galement et touche considĂ©rablement les milieux populaires et immigrĂ©s. La mĂ©diatisation et la rĂ©cupĂ©ration politique de cette dĂ©linquance renforcent le racisme et le sentiment d'insĂ©curitĂ©. L'essentiel Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France connaĂźt une phase de reconstruction qui permet un essor rapide de son Ă©conomie et, par voie de consĂ©quence, une hausse du niveau de vie de sa population. Le pays entre alors dans l'Ăšre de la sociĂ©tĂ© de consommation. Toutefois, dĂšs la fin des annĂ©es 60 mai 1968, la sociĂ©tĂ© française connaĂźt une crise sociale et morale qui remet en question les fondements de la sociĂ©tĂ© de consommation. Cette crise permet un progrĂšs des libertĂ©s mais elle favorise Ă©galement l'individualisme. Dans les annĂ©es 70, l'Ă©conomie qui entre dans une phase de crise la France est alors confrontĂ©e Ă la prĂ©caritĂ© de l'emploi et connaĂźt un renforcement des inĂ©galitĂ©s. Toutefois, la modernisation et l'uniformisation de la sociĂ©tĂ© se poursuivent dans le contexte de la mondialisation. 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Gùteaumarbré ; Plaine des régions tropicales. Petit tambour africain. Maison de haute-couture célÚbre pour ses foulards. Artistes indiens qui marchent sur les braises. Mode de vie des artistes en marge de la société. Dans ses romans, il a recherché le Temps perdu. Déprécier quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable. Train qui fait
On les dit parfois distants avec l'actualitĂ©, moins en phase avec l'Ă©poque et la sociĂ©tĂ©, parce que les formes conceptuelles qu'ils empruntent dĂ©sormais signaleraient une forme de dĂ©tachement de leur part. Les artistes contemporains, aux yeux de certains, ne colleraient plus Ă l'actualitĂ©. L'exposition Artistes Ă la une pour la liberté» apporte, c'est lĂ la moindre de ses vertus, la preuve du contraire. En demandant Ă trente-six artistes de faire Ćuvre Ă partir de et sur une page de couverture deLibĂ©ration, les deux inititateurs de cette opĂ©ration au profit de Reporters sans frontiĂšres, Nicolas Couturieux et David-HervĂ© Boutin, affichent les liens tĂ©nus qui existent entre artistes et journalistes. A commencer par ceci la libertĂ© d'expression et d'information les concernent tous au premier chef, comme elle concerne chacun d'entre nous, lecteur ou spectateur, avec sous les yeux un article de presse ou une Ćuvre deux attitudes et les deux activitĂ©s ne font quâune, câest pourquoi, le projet, aprĂšs avoir Ă©tĂ© exposĂ© au Palais de Tokyo, puis Ă nouveau Ă la Earth Gallery Ă Paris, se bouclera par une vente aux martienneEn attendant, l'Ă©ventail de unes, librement choisies par chacun des artistes, offre un panorama des prĂ©occupations des artistes contemporains, de ce qui les hante, les touche, les inquiĂšte, les travaille. Cet arriĂšre-fond, c'est au fait celui de l'honnĂȘte homme du XXIe siĂšcle la chronologie inclut les quinze derniĂšres annĂ©es, du 11 septembre 2001 au 15 novembre 2015. RĂ©chauffement climatique Nils-Udo, conflits armĂ©s, en Syrie Ivan Argote ou dans la bande de Gaza Mohamed Ben Slama, le sort des citĂ©s Guillaume Bresson ou Henrik Plenge Jakobsen, la catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima Gris1 et Invader, le printemps arabe Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, le combat pour l'Ă©galitĂ© entre les sexes Françoise Petrovitch et contre les violences conjugales Riikka Hyvönen, la conquĂȘte spatiale, l'utopie martienne qu'elle entretient Laurent Grasso et les retards Ă l'allumage qu'elle subit Mrdjan Bajic, les attentats terroristes le 11 septembre 2001 par Richard Philipps, le 13 novembre 2015 par AndrĂ©. Le choix des artistes, complĂštement libre, porte ici le plus souvent sur des unes mettant en avant des Ă©vĂ©nements ou des sujets graves, des sujets mondiaux, globaux, des thĂšmes politiques et sociaux, des engagements citoyens et militants, qui pĂšsent lourd et fort sur nos modes de vie. Mises bout Ă bout, dans ces pages, les Ćuvres appropriationnistes» rĂ©vĂšlent une curiositĂ© et une attention au monde qui est tout sauf Ă©triquĂ©e. Ce qui n'empĂȘche pas des traitements trĂšs personnels tant dans les techniques mises en Ćuvre que dans le ton utilisĂ© Ă©mu, indignĂ©, facĂ©tieux, brutal, intimidĂ©, discret ou plein de panache. S'observe ainsi, dans ce cadre pourtant fort limitĂ© et un poil contraignant, une grande variĂ©tĂ© de moyens d' et le popLe procĂ©dĂ© vient de loin. Car les artistes n'ont pas attendu qu'on leur confie cette place, la presse, la une, pour, depuis bien longtemps se permettre de se les approprier librement. Le dĂ©tournement, le collage, le griffonnage, le raturage des images de magazine ou de journaux sont des procĂ©dĂ©s courants depuis Warhol et le pop, et auparavant avec les cubistes dans les toiles desquels, au dĂ©but du XXe siĂšcle, un journal s'incrustait frĂ©quemment. Les annĂ©es 60, en France, ont vu les Nouveaux RĂ©alistes se saisir de ce paysage mĂ©diatique et un Jacques VilleglĂ© est lĂ , dans le casting des Unes pour la liberté», pour le rappeler. L'artiste, aujourd'hui ĂągĂ© de 96 ans, a fait Ćuvre Ă partir des affiches placardĂ©es sur des palissades, puis lacĂ©rĂ©es, dĂ©chirĂ©es, graffitĂ©es par des mains anonymes. Restituant dans l'espace du musĂ©e ou de la galerie un environnement visuel quotidien et collectivement dĂ©formĂ©, rectifiĂ© et secouĂ© par les rĂ©actions, les indignations, les affirmations des uns et des autres. Son choix d'une une consacrĂ©e aux pirates sĂ©vissant au large de la corne de l'Afrique dit alors, avec espiĂ©glerie, que l'artiste est le seul et vrai pirate qui vaille, pacifique et clandestin, ramassant les restes du pillage ludique et fantasque auxquels, malgrĂ© elles, se livrent les images mĂ©diatiques dĂšs lors qu'elles s'exposent dans la rue ou les couloirs du la prĂ©sence dans le casting de nombreux tenants du street art Gris 1, Invader, C215, Tilt.Thomas de sprayOutre que lâun des deux curateurs, Nicolas Couturieux, suit de prĂšs cette forme de crĂ©ation que lâart contemporain tient dâordinaire encore en lisiĂšre de ses cimaises, ils sont lĂ , avec leur syntaxe, coups de spray et coups de sang, dans cet espace public quâest aussi une page de couv, qui siĂ©ent bien Ă des inscriptions qui sâaffichent de maniĂšre volatile, signĂ©e et lâexposition en passe aussi par des maniĂšres de commentaires plus mesurĂ©s. Car contrairement aux journalistes connectĂ©s au fil continu de lâinformation et Ă ses mises Ă jour, contrairement encore aux dessinateurs de presse, forts en gueule et en traits dâesprit, les plasticiens se sentent rarement aptes Ă rĂ©agir Ă brĂ»le-pourpoint et sâinscrivent dans un temps plus long, celui auquel est censĂ©e se vouer leur Ćuvre, faite en outre pour rester les trente-six unes sont dâailleurs accrochĂ©es sous cadre. Lâart tient en partie Ă cet effet de retard qui permet de prendre en considĂ©ration lâempreinte que laisse les Ă©vĂ©nements dans le cĆur et lâesprit des artistes. Les unes de nombre dâentre eux relĂšvent dâun exercice de mĂ©moire, dâun retour aux archives, voire Ă lâhistoire de lâart. A lâimage de Zevs, qui se saisit de la victoire du non au rĂ©fĂ©rendum de lâĂ©tĂ© dernier demandant au peuple grec dâapprouver, ou as, le plan de sauvetage imposĂ© par les crĂ©anciers europĂ©ens. Un Non de Zeus», prĂ©texte Ă un bon mot en titre du LibĂ© du 5 juillet, que lâartiste - dont le pseudonyme, Zevs, prend des accents mythologiques mais avec une orthographe de RER - fait sien. Il renvoie Ă la statuaire antique sous les traits dâune VĂ©nus de Millo, sculptĂ©e par ses soins Ă partir dâune rĂ©plique un peu grossiĂšre» qui figure, tel quâil lâexplique dans ces pages, une VĂ©nus travestie et souillĂ©e, vendue au plus offrant», mais dĂ©clinant lâ dans ces unes remises sur le mĂ©tier, il est impossible de ne pas voir comment les artistes ne peuvent se passer, pour sâexprimer, de la texture mĂȘme du papier, de lâĂ©paisseur des matĂ©riaux et des images. Belle et palpable maniĂšre de sonder leur impact et dâen rĂ©percuter lâonde de choc au plus profond dâ lâinstar de lâĆuvre de Tania Mouraud barrant la couverture du 12 janvier 2015 illustrĂ©e dâune photographie de la foule de manifestants descendue comme un seul homme dans les rues de Paris, aprĂšs les attentats contre Charlie, de son lettrage si caractĂ©ristique, altier, brutal, Ă peine lisible mais pressant et soudĂ©, affirmant MĂȘme pas peur».Tons Ă©cho, Ă cette piĂšce presque abstraite dans sa forme, rĂ©pond celle de lâAmĂ©ricain Richard Phillips qui fait tourner une des images iconiques du 11 Septembre au quasi-monochrome. Peinte en dĂ©gradé», strillĂ©e de bandes dans les tons mortels du violet et du noir», prĂ©cise-t-il, la une devient flottante et entĂȘtante, imprĂ©cise et brouillĂ©e, inscrivant mĂȘme en bas , un graffiti dâAl-Qaeda en Irak signifiant "monothĂ©isme dans le jihad"», soit en quelque sorte la suite tragique de lâHistoire. Comme si lâartiste, ainsi que tous ses consorts rĂ©unis au Palais de Tokyo, savaient bien que ces unes rĂ©interprĂ©tĂ©es ne pouvaient pas ne pas ĂȘtre rattrapĂ©es, un jour ou lâautre, par la suite des Ă©vĂ©nements, par la marche du temps. Et que leur travail ne pouvait se passer de celui, assidu et Ă©clairant, des journalistes au quotidien.
6xPCE. 372 235 13 361 370 26 0 54 25