Ence sens, « Mors » prĂ©figure le ton satirique et polĂ©mique des ChĂątiments, un recueil Ă charge contre NapolĂ©on III. Mais ce poĂšme est surtout une contemplation. Victor Hugo cherche Ă trouver un sens cachĂ© Ă la mort en en donnant une vision mystique que lâon peut trouver aussi dans un autre poĂšme comme « CrĂ©puscule ».
Maintenant que Paris, ses pavĂ©s et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer Ă la beautĂ© des cieux ; Maintenant que du deuil qui mâa fait lâĂąme obscure Je sors, pĂąle et vainqueur, Et que je sens la paix de la grande nature Qui mâentre dans le coeur ; Maintenant que je puis, assis au bord des ondes, Ămu par ce superbe et tranquille horizon, Examiner en moi les vĂ©ritĂ©s profondes Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon ; Maintenant, ĂŽ mon Dieu ! que jâai ce calme sombre De pouvoir dĂ©sormais Voir de mes yeux la pierre oĂč je sais que dans lâombre Elle dort pour jamais ; Maintenant quâattendri par ces divins spectacles, Plaines, forĂȘts, rochers, vallons, fleuve argentĂ©, Voyant ma petitesse et voyant vos miracles, Je reprends ma raison devant lâimmensitĂ© ; Je viens Ă vous, Seigneur, pĂšre auquel il faut croire ; Je vous porte, apaisĂ©, Les morceaux de ce coeur tout plein de votre gloire Que vous avez brisĂ© ; Je viens Ă vous, Seigneur ! confessant que vous ĂȘtes Bon, clĂ©ment, indulgent et doux, ĂŽ Dieu vivant ! Je conviens que vous seul savez ce que vous faites, Et que lâhomme nâest rien quâun jonc qui tremble au vent ; Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme Ouvre le firmament ; Et que ce quâici-bas nous prenons pour le terme Est le commencement ; Je conviens Ă genoux que vous seul, pĂšre auguste, PossĂ©dez lâinfini, le rĂ©el, lâabsolu ; Je conviens quâil est bon, je conviens quâil est juste Que mon coeur ait saignĂ©, puisque Dieu lâa voulu ! Je ne rĂ©siste plus Ă tout ce qui mâarrive Par votre volontĂ©. LâĂąme de deuils en deuils, lâhomme de rive en rive, Roule Ă lâĂ©ternitĂ©. Nous ne voyons jamais quâun seul cĂŽtĂ© des choses ; Lâautre plonge en la nuit dâun mystĂšre effrayant. Lâhomme subit le joug sans connaĂźtre les causes. Tout ce quâil voit est court, inutile et fuyant. Vous faites revenir toujours la solitude Autour de tous ses pas. Vous nâavez pas voulu quâil eĂ»t la certitude Ni la joie ici-bas ! DĂšs quâil possĂšde un bien, le sort le lui retire. Rien ne lui fut donnĂ©, dans ses rapides jours, Pour quâil sâen puisse faire une demeure, et dire Câest ici ma maison, mon champ et mes amours ! Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ; Il vieillit sans soutiens. Puisque ces choses sont, câest quâil faut quâelles soient ; Jâen conviens, jâen conviens ! Le monde est sombre, ĂŽ Dieu ! lâimmuable harmonie Se compose des pleurs aussi bien que des chants ; Lâhomme nâest quâun atome en cette ombre infinie, Nuit oĂč montent les bons, oĂč tombent les mĂ©chants. Je sais que vous avez bien autre chose Ă faire Que de nous plaindre tous, Et quâun enfant qui meurt, dĂ©sespoir de sa mĂšre, Ne vous fait rien, Ă vous ! Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue ; Que lâoiseau perd sa plume et la fleur son parfum ; Que la crĂ©ation est une grande roue Qui ne peut se mouvoir sans Ă©craser quelquâun ; Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent, Passent sous le ciel bleu ; Il faut que lâherbe pousse et que les enfants meurent ; Je le sais, ĂŽ mon Dieu ! Dans vos cieux, au delĂ de la sphĂšre des nues, Au fond de cet azur immobile et dormant, Peut-ĂȘtre faites-vous des choses inconnues OĂč la douleur de lâhomme entre comme Ă©lĂ©ment. Peut-ĂȘtre est-il utile Ă vos desseins sans nombre Que des ĂȘtres charmants Sâen aillent, emportĂ©s par le tourbillon sombre Des noirs Ă©vĂ©nements. Nos destins tĂ©nĂ©breux vont sous des lois immenses Que rien ne dĂ©concerte et que rien nâattendrit. Vous ne pouvez avoir de subites clĂ©mences Qui dĂ©rangent le monde, ĂŽ Dieu, tranquille esprit ! Je vous supplie, ĂŽ Dieu ! de regarder mon Ăąme, Et de considĂ©rer Quâhumble comme un enfant et doux comme une femme Je viens vous adorer ! ConsidĂ©rez encor que jâavais, dĂšs lâaurore, TravaillĂ©, combattu, pensĂ©, marchĂ©, luttĂ©, Expliquant la nature Ă lâhomme qui lâignore, Ăclairant toute chose avec votre clartĂ© ; Que jâavais, affrontant la haine et la colĂšre, Fait ma tĂąche ici-bas, Que je ne pouvais pas mâattendre Ă ce salaire, Que je ne pouvais pas PrĂ©voir que, vous aussi, sur ma tĂȘte qui ploie, Vous appesantiriez votre bras triomphant, Et que, vous qui voyiez comme jâai peu de joie, Vous me reprendriez si vite mon enfant ! Quâune Ăąme ainsi frappĂ©e Ă se plaindre est sujette, Que jâai pu blasphĂ©mer, Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette Une pierre Ă la mer ! ConsidĂ©rez quâon doute, ĂŽ mon Dieu ! quand on souffre, Que lâoeil qui pleure trop finit par sâaveugler. Quâun ĂȘtre que son deuil plonge au plus noir du gouffre, Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler. Et quâil ne se peut pas que lâhomme, lorsquâil sombre Dans les afflictions, Ait prĂ©sente Ă lâesprit la sĂ©rĂ©nitĂ© sombre Des constellations ! Aujourdâhui, moi qui fus faible comme une mĂšre, Je me courbe Ă vos pieds devant vos cieux ouverts. Je me sens Ă©clairĂ© dans ma douleur amĂšre Par un meilleur regard jetĂ© sur lâunivers. Seigneur, je reconnais que lâhomme est en dĂ©lire, Sâil ose murmurer ; Je cesse dâaccuser, je cesse de maudire, Mais laissez-moi pleurer ! HĂ©las ! laissez les pleurs couler de ma paupiĂšre, Puisque vous avez fait les hommes pour cela ! Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre Et dire Ă mon enfant Sens-tu que je suis lĂ ? Laissez-moi lui parler, inclinĂ© sur ses restes, Le soir, quand tout se tait, Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux cĂ©lestes, Cet ange mâĂ©coutait ! HĂ©las ! vers le passĂ© tournant un oeil dâenvie, Sans que rien ici-bas puisse mâen consoler, Je regarde toujours ce moment de ma vie OĂč je lâai vue ouvrir son aile et sâenvoler ! Je verrai cet instant jusquâĂ ce que je meure, Lâinstant, pleurs superflus ! OĂč je criai Lâenfant que jâavais tout Ă lâheure, Quoi donc ! je ne lâai plus ! Ne vous irritez pas que je sois de la sorte, O mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saignĂ© ! Lâangoisse dans mon Ăąme est toujours la plus forte, Et mon coeur est soumis, mais nâest pas rĂ©signĂ©. Ne vous irritez pas ! fronts que le deuil rĂ©clame, Mortels sujets aux pleurs, Il nous est malaisĂ© de retirer notre Ăąme De ces grandes douleurs. Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nĂ©cessaires, Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin, Au milieu des ennuis, des peines, des misĂšres, Et de lâombre que fait sur nous notre destin, ApparaĂźtre un enfant, tĂȘte chĂšre et sacrĂ©e, Petit ĂȘtre joyeux, Si beau, quâon a cru voir sâouvrir Ă son entrĂ©e Une porte des cieux ; Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-mĂȘme CroĂźtre la grĂące aimable et la douce raison, Lorsquâon a reconnu que cet enfant quâon aime Fait le jour dans notre Ăąme et dans notre maison, Que câest la seule joie ici-bas qui persiste De tout ce quâon rĂȘva, ConsidĂ©rez que câest une chose bien triste De le voir qui sâen va ! Villequier, 4 septembre 1847.
Ceque c'est que la mortVictor Hugo. Ce que c'est que la mort. Victor Hugo. Ne dites pas : mourir ; dites : naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l'homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d'oublier le bas, la fin, l'Ă©cueil,
RĂ©sumĂ© Le dernier jour dâun condamnĂ© raconte lâhistoire des derniers moments de vie dâun prisonnier. Câest sous la forme dâun monologue interne que le condamnĂ© relate ses impressions et ses Ă©motions depuis son arrivĂ©e en prison jusquâau moment de son est la seule occupation quâil peut exercer dans sa cellule. Sans jamais mentionner son identitĂ© ou bien son crime, le condamnĂ© fait part de ses peurs mais aussi de ses espoirs. Lâobjet de ces derniĂšres pensĂ©es se dirigent vers sa fille, sa femme et sa mĂšre . Analyse / explication du livre Victor Hugo livre un plaidoyer politique pour lâabolition de la peine de de mort Ă travers le rĂ©cit du dernier jour dâun homme dont on ne connaĂźt rien de son passĂ© ou de son identitĂ©. Cette absence de renseignement concernant lâindividu en question est expliquĂ©e par Victor Hugo par le fait que le lecteur aurait pu manquer dâobjectivitĂ© en dĂ©crĂ©tant que cet individu lĂ en particulier ne mĂ©ritait pas de mourir. Il ne voulait pas quâon sâattache Ă un personnage en particulier. Victor Hugo souhaitait montrer quâaucun des individus, quels que soient leurs crimes ou leurs pĂ©chĂ©s, ne mĂ©ritent dâĂȘtre exĂ©cutĂ©s. Câest dans le but de rendre ce plaidoyer universel et applicable Ă chaque situation et individu que lâanonymat du personnage principal est gardĂ© secret. Dans la prĂ©face de 1832, Victor Hugo insiste tout particuliĂšrement sur la portĂ©e sociale de son Ćuvre. Citations Le dernier jour dâun condamnĂ© âLes mots manquent aux Ă©motions.ââQuâest-ce que la douleur physique prĂšs de la douleur morale !ââLes hommes, je me rappelle lâavoir lu dans je ne sais quel livre oĂč il nây avait que cela de bon, les hommes sont tous condamnĂ©s Ă mort avec des sursis indĂ©finis.ââIl faut convenir que les moeurs vont se dĂ©pravant de jour en jour âŠâ Quelques mots sur lâauteur Victor Hugo 1802 â 1885 est un Ă©crivain, poĂšte, dramaturge et homme politique français. Il montre dĂšs son plus jeune Ăąge un vif intĂ©rĂȘt pour la littĂ©rature. Hugo prend ses racines dans le romantisme dont il devient une figure de rĂ©fĂ©rence. En 1827 il brise les rĂšgles et les conventions classiques dâunitĂ© de temps et de lieu avec la prĂ©face de Cromwell. Câest suite Ă la mort de sa fille LĂ©opoldine qui le touche profondĂ©ment que Victor Hugo se lance dans une carriĂšre politique et participe Ă la rĂ©sistance contre NapolĂ©on III en meurt en 1885 Ă la suite dâune congestion pulmonaire. Il est emmenĂ© au PanthĂ©on comme hommage national. Autres oeuvres de lâauteur Les Orientales 1829 Les misĂ©rables 1862 Notre dame de Paris 1831 Oeuvres similaires â Dans ces deux oeuvres Victor Hugo utilise sa voix pour dĂ©fendre des causes et des sujets qui lui tiennent Ă coeur, de la mĂȘme maniĂšre que dans Le dernier jour dâun condamnĂ©. La prĂ©face des Orientales 1829 Les misĂ©rables 1862
Leprodige de ce grand départ céleste qu'on appelle la mort, [] - Victor Hugo. citation 1. Le prodige de ce grand départ céleste qu'on appelle la mort, c' est que ceux qui partent ne s' éloignent point. Ils sont dans un monde de clarté, mais ils assistent, témoins attendris, à notre monde de ténÚbres. Ils sont en haut et tout prÚs.
Pendant que la mer gronde et que les vagues roulent, Et que sur l'horizon les tumultes s'Ă©croulent, Ce veilleur, le poĂšte, est montĂ© sur sa tour. Ce qu'il veut, c'est qu'enfin la concorde ait son tour. Jadis, dans les temps noirs comme ceux oĂč nous sommes, Le poĂšte pensif ne se mĂȘlait aux hommes Que pour les dĂ©sarmer et leur verser son coeur ; Il aimait le vaincu sans haĂŻr le vainqueur ; Il suppliait l'armĂ©e, il suppliait la ville ; Aux vivants aveuglĂ©s par la guerre civile Il montrait la clartĂ© du vrai, du grand, du beau, Etant plus qu'eux tournĂ© du cĂŽtĂ© du tombeau ; Et cet homme, au milieu d'un monde inexorable, Etait le messager de la paix vĂ©nĂ©rable. Il criait N'a-t-on point assez souffert, hĂ©las ! Ne serons-nous pas bons Ă force d'ĂȘtre las ? C'Ă©tait la fonction de cette voix qui passe De demander Ă tous, pour tous, Paix ! PitiĂ© ! GrĂące ! Les devoirs sont encor les mĂȘmes aujourd'hui. Le poĂšte, humble jonc, a son coeur pour appui. Il veut que l'homme vive, il veut que l'homme crĂ©e. Le ciel, cette demeure inconnue et sacrĂ©e, Prouve par sa beautĂ© l'Ă©ternelle douceur ; La poĂ©sie au front lumineux est la soeur De la clĂ©mence, Ă©tant la soeur de l'harmonie ; Elle affirme le vrai que la colĂšre nie, Et le vrai c'est l'espoir, le vrai c'est la bontĂ© ; Le grand rayon de l'art c'est la fraternitĂ©. Ă quoi bon aggraver notre sort par la haine ? Oh ! si l'homme pouvait Ă©couter la gĂ©henne, Si l'on savait la langue obscure des enfers, â De cette profondeur pleine du bruit des fers, De ce chaos hurlant d'affreuses destinĂ©es, De tous ces pauvres coeurs, de ces bouches damnĂ©es, De ces pleurs, de ces maux sans fin, de ces courroux, On entendrait sortir ce chant sombre Aimons-nous ! L'ouragan, l'ocĂ©an, la tempĂȘte, l'abĂźme, Et le peuple, ont pour loi l'apaisement sublime, Et, quand l'heure est venue enfin de s'Ă©pouser, Le gouffre Ă©perdu donne Ă la terre un baiser ! Car rien n'est forcenĂ©, terrible, effrĂ©nĂ©, libre, Convulsif, effarĂ©, fou, que pour l'Ă©quilibre ; Car il faut que tout cĂšde aux branches du compas ; Car l'indignation des flots ne dure pas, L'Ă©cume est furieuse et n'est pas Ă©ternelle ; Le plus fauve aquilon demande Ă ployer l'aile ; Toute nuit mĂšne Ă l'aube, et le soleil est sĂ»r ; Tout orage finit par ce pardon, l'azur. Victor Hugo Mer
cest que, pour moi, mourir, ce nâest pas finir, câest continuer autrement. câest un immortel qui commence. La tombe est un berceau. Mourir au monde, câest naĂźtre Ă lâĂ©ternitĂ©. Car la mort nâest que la porte noire qui sâouvre sur la lumiĂšre. La mort ne peut pas tuer ce qui ne meurt pas. Or notre Ăąme est immortelle.
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DĂšsla Restauration, Victor Hugo s'engage contre la peine de mort.C'est ainsi qu'il publie aussi en 1829 Le Dernier Jour d'un CondamnĂ© (il s'agit du rĂ©cit des derniers moments d'un jeune condamnĂ©, par lui-mĂȘme). Ă ce livre, Victor Hugo ajoute en 1832 une prĂ©face qui est un vigoureux plaidoyer contre la peine de mort avec des arguments toujours actuels (« Se venger
Maintenant que Paris, ses pavĂ©s et ses marbres,Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;Maintenant que je suis sous les branches des arbres,Et que je puis songer Ă la beautĂ© des cieux ;Maintenant que du deuil qui m'a fait l'Ăąme obscureJe sors, pĂąle et vainqueur,Et que je sens la paix de la grande natureQui m'entre dans le cĆur ;Maintenant que je puis, assis au bord des ondes,Emu par ce superbe et tranquille horizon,Examiner en moi les vĂ©ritĂ©s profondesEt regarder les fleurs qui sont dans le gazon ;Maintenant, ĂŽ mon Dieu ! que j'ai ce calme sombreDe pouvoir dĂ©sormaisVoir de mes yeux la pierre oĂč je sais que dans l'ombreElle dort pour jamais ;Maintenant qu'attendri par ces divins spectacles,Plaines, forĂȘts, rochers, vallons, fleuve argentĂ©,Voyant ma petitesse et voyant vos miracles,Je reprends ma raison devant l'immensitĂ© ;Je viens Ă vous, Seigneur, pĂšre auquel il faut croire ;Je vous porte, apaisĂ©,Les morceaux de ce cĆur tout plein de votre gloire Que vous avez brisĂ© ;Je viens Ă vous, Seigneur ! confessant que vous ĂȘtesBon, clĂ©ment, indulgent et doux, ĂŽ Dieu vivant !Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent ;Je dis que le tombeau qui sur les morts se fermeOuvre le firmament ;Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le termeEst le commencement ;Je conviens Ă genoux que vous seul, pĂšre auguste,PossĂ©dez l'infini, le rĂ©el, l'absolu ;Je conviens qu'il est bon, je conviens qu'il est justeQue mon cĆur ait saignĂ©, puisque Dieu l'a voulu !Je ne rĂ©siste plus Ă tout ce qui m'arrivePar votre de deuils en deuils, l'homme de rive en rive,Roule Ă l' ne voyons jamais qu'un seul cĂŽtĂ© des choses ;L'autre plonge en la nuit d'un mystĂšre subit le joug sans connaĂźtre les ce qu'il voit est court, inutile et faites revenir toujours la solitudeAutour de tous ses n'avez pas voulu qu'il eĂ»t la certitudeNi la joie ici-bas !DĂšs qu'il possĂšde un bien, le sort le lui ne lui fut donnĂ©, dans ses rapides jours,Pour qu'il s'en puisse faire une demeure, et dire C'est ici ma maison, mon champ et mes amours !Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ;Il vieillit sans ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient ;J'en conviens, j'en conviens !Le monde est sombre, ĂŽ Dieu ! l'immuable harmonieSe compose des pleurs aussi bien que des chants ;L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infinie,Nuit oĂč montent les bons, oĂč tombent les sais que vous avez bien autre chose Ă faireQue de nous plaindre tous,Et qu'un enfant qui meurt, dĂ©sespoir de sa mĂšre,Ne vous fait rien, Ă vous !Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue,Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum ;Que la crĂ©ation est une grande roueQui ne peut se mouvoir sans Ă©craser quelqu'un ;Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent,Passent sous le ciel bleu ;Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent ;Je le sais, ĂŽ mon Dieu !Dans vos cieux, au-delĂ de la sphĂšre des nues,Au fond de cet azur immobile et dormant,Peut-ĂȘtre faites-vous des choses inconnuesOĂč la douleur de l'homme entre comme est-il utile Ă vos desseins sans nombreQue des ĂȘtres charmantsS'en aillent, emportĂ©s par le tourbillon sombreDes noirs destins tĂ©nĂ©breux vont sous des lois immensesQue rien ne dĂ©concerte et que rien n' ne pouvez avoir de subites clĂ©mencesQui dĂ©rangent le monde, ĂŽ Dieu, tranquille esprit !Je vous supplie, ĂŽ Dieu ! de regarder mon Ăąme,Et de considĂ©rerQu'humble comme un enfant et doux comme une femme,Je viens vous adorer !ConsidĂ©rez encor que j'avais, dĂšs l'aurore,TravaillĂ©, combattu, pensĂ©, marchĂ©, luttĂ©,Expliquant la nature Ă l'homme qui l'ignore,Eclairant toute chose avec votre clartĂ© ;Que j'avais, affrontant la haine et la colĂšre,Fait ma tĂąche ici-bas,Que je ne pouvais pas m'attendre Ă ce salaire,Que je ne pouvais pasPrĂ©voir que, vous aussi, sur ma tĂȘte qui ploieVous appesantiriez votre bras triomphant,Et que, vous qui voyiez comme j'ai peu de joie,Vous me reprendriez si vite mon enfant !Qu'une Ăąme ainsi frappĂ©e Ă se plaindre est sujette,Que j'ai pu blasphĂ©mer,Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jetteUne pierre Ă la mer !ConsidĂ©rez qu'on doute, ĂŽ mon Dieu ! quand on souffre,Que l'Ćil qui pleure trop finit par s'aveugler,Qu'un ĂȘtre que son deuil plonge au plus noir du gouffre,Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler,Et qu'il ne se peut pas que l'homme, lorsqu'il sombreDans les afflictions,Ait prĂ©sente Ă l'esprit la sĂ©rĂ©nitĂ© sombreDes constellations !Aujourd'hui, moi qui fus faible comme une mĂšre,Je me courbe Ă vos pieds devant vos cieux me sens Ă©clairĂ© dans ma douleur amĂšrePar un meilleur regard jetĂ© sur l' je reconnais que l'homme est en dĂ©lireS'il ose murmurer ;Je cesse d'accuser, je cesse de maudire,Mais laissez-moi pleurer !HĂ©las ! laissez les pleurs couler de ma paupiĂšre,Puisque vous avez fait les hommes pour cela !Laissez-moi me pencher sur cette froide pierreEt dire Ă mon enfant Sens-tu que je suis lĂ ?Laissez-moi lui parler, inclinĂ© sur ses restes,Le soir, quand tout se tait,Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux cĂ©lestes,Cet ange m'Ă©coutait !HĂ©las ! vers le passĂ© tournant un Ćil d'envie,Sans que rien ici-bas puisse m'en consoler,Je regarde toujours ce moment de ma vieOĂč je l'ai vue ouvrir son aile et s'envoler !Je verrai cet instant jusqu'Ă ce que je meure,L'instant, pleurs superflus !OĂč je criai L'enfant que j'avais tout Ă l'heure,Quoi donc ! je ne l'ai plus !Ne vous irritez pas que je sois de la sorte,Ă mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saignĂ© !L'angoisse dans mon Ăąme est toujours la plus forte,Et mon cĆur est soumis, mais n'est pas vous irritez pas ! fronts que le deuil rĂ©clame,Mortels sujets aux pleurs,Il nous est malaisĂ© de retirer notre ĂąmeDe ces grandes nos enfants nous sont bien nĂ©cessaires,Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin,Au milieu des ennuis, des peines, des misĂšres,Et de l'ombre que fait sur nous notre destin,ApparaĂźtre un enfant, tĂȘte chĂšre et sacrĂ©e,Petit ĂȘtre joyeux,Si beau, qu'on a cru voir s'ouvrir Ă son entrĂ©eUne porte des cieux ;Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-mĂȘmeCroĂźtre la grĂące aimable et la douce raison,Lorsqu'on a reconnu que cet enfant qu'on aimeFait le jour dans notre Ăąme et dans notre maison,Que c'est la seule joie ici-bas qui persisteDe tout ce qu'on rĂȘva,ConsidĂ©rez que c'est une chose bien tristeDe le voir qui s'en va !
Cest pour sauver le monument, fort dĂ©gradĂ©, que lâĂ©crivain indignĂ© entrepris, en 1831, lâĂ©criture de cet ouvrage. On y trouve ce passage prĂ©monitoire : « Tous les yeux sâĂ©taient levĂ©s vers le haut de lâĂ©glise. Ce quâils voyaient Ă©tait extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus Ă©levĂ©e, plus haut que la rosace
Il voit pour la premiĂšre fois un Ă©chafaud, la foule rugissante qui lâentoure, et un homme attachĂ©, lâair hĂ©bĂ©tĂ© de terreur »[1], Ă qui lâon tend un crucifix. Hugo ne se remettra jamais de cette scĂšne, ni de celles qui suivront elles seront nombreuses. La bĂȘte immonde de la guillotine est partout prĂ©sente dans son Ćuvre⊠LâĂ©chafaud est une vision. LâĂ©chafaud nâest pas une charpente, lâĂ©chafaud nâest pas une machine, lâĂ©chafaud nâest pas une mĂ©canique inerte faite de bois, de fer et de cordes. Il semble que ce soit une sorte dâĂȘtre qui a je ne sais quelle sombre initiative ⊠il dĂ©vore ; il mange de la chair, il boit du sang. Câ est une sorte de monstre fabriquĂ© par le juge et par le charpentier, un spectre qui semble vivre dâune espĂšce de vie Ă©pouvantable faite de toute la mort quâil a donnĂ©e. » [2] DĂšs lors, Victor Hugo sâassigne une mission il faut sauver les hommes de cette barbarie, et combattre ce quâil appelle les mauvaises actions de la loi »⊠Le voilĂ lancĂ©, Ă 27 ans, dans le plus difficile combat de sa vie â un combat quâil entend bien gagner par la voix et la plume⊠Avec Le Dernier jour dâun condamnĂ©, Victor Hugo frappe fortL'auteur livre le rĂ©cit bouleversant dâun homme qui va mourir et qui livre ses derniĂšres pensĂ©es. La grande audace est dans la forme lâouvrage est tout entier Ă©crit Ă la premiĂšre personne, de sorte que le lecteur sâidentifie au prisonnier. Aucun indice sur son identitĂ©, ni mĂȘme sur le crime quâil a commis. Ce condamnĂ© Ă mort est seul, dans sa cellule, et nous sommes enfermĂ©s avec lui, dans sa tĂȘte⊠Le roman est publiĂ© sans nom dâauteur en 1829. Trois ans plus tard, Hugo rĂ©dige une prĂ©face retentissante qui marque le dĂ©but de la lutte politique La sociĂ©tĂ© est entre deux. Le chĂątiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. ⊠Elle ne doit pas "punir pour se venger" ; elle doit corriger pour amĂ©liorer. » [1]Victor Hugo racontĂ© par un tĂ©moin de sa vie , chap. XXI, OC, Ă©d. Jean Massin [2]Les MisĂ©rables, Fantine », p. 53 Folio
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